On associe souvent le numérique à quelque chose de virtuel et d’immatériel. L’exemple le plus parlant est le cloud. Mais la réalité est toute autre car le numérique est bien matériel et a des impacts sociaux et environnementaux prégnants. Le constat est sans appel, il représente 4% des émissions de gaz à effet de serre au niveau mondial et fait appel à des ressources non renouvelables, preuve en est la pénurie de composants électroniques qui touche actuellement le monde entier. Il est donc urgent d’aller vers plus de sobriété.

Quels sont les impacts du numérique ?

La dématérialisation est en marche depuis de nombreuses années, dans le service public tout comme dans le privé. Selon la croyance populaire, tout ce qui n’est pas « physique » est forcément moins impactant. Mais ce n’est pas aussi simple. En effet, lorsqu’il s’agit d’impact du numérique, il est essentiel de regarder les conséquences sur l’environnement à tous les niveaux du cycle de vie. Si l’on prend par exemple l’envoi d’un mail, celui-ci aura un effet différent en fonction du terminal utilisé par l’expéditeur et le destinataire, le chemin emprunté par le mail pour arriver à destination, le taille de la pièce jointe etc… Le journaliste Guillaume Pitron explique très bien ce phénomène dans son dernier ouvrage « L’enfer numérique, voyage au bout d’un like ». Mais alors comment lutter contre un impact du numérique à la croissance exponentielle ? depuis trois ans, le monde s’enflamme autour du sujet, notamment depuis la publication du rapport « Pour une sobriété numérique » du think tank The Shift Project qui est à l’origine du projet de la loi REEN (Réduire l’Empreinte Environnementale du Numérique). Cette dernière vient enfin d’être promulguée ce lundi 15 novembre 2021, au bout de deux ans d’examen. Elle comporte, à l’instar de la loi AGEC ( anti-gaspillage pour une économie circulaire) plusieurs mesures en faveur de la sobriété numérique.

Qu’est-ce que la sobriété numérique ?

La sobriété numérique est une démarche qui vise à réduire l’impact environnemental du numérique. L’expression « sobriété numérique » a été forgée en 2008 par GreenIT.fr pour désigner « la démarche qui consiste à concevoir des services numériques plus sobres et à modérer ses usages numériques quotidiens ». Elle a ensuite été reprise dans deux rapports du Shift Project, un rapport du Cigref, et fait désormais partie du langage commun lorsqu’il est question d’empreinte environnementale du numérique. La sobriété numérique entre dans le spectre plus large du numérique responsable qui vise à réduire l’empreinte environnementale, économique et sociale du système d’information, de l’organisation et du métier, en n’excluant pas la mise en place de solutions numériques à cet effet, ce que l’on appelle communément IT for Green, ou plus largement Tech for Good pour inclure la dimension sociale. On peut rapprocher la sobriété numérique du minimalisme digital ou cyberminimalisme, qui invite à consommer les TIC (technologies de l’information et de la communication) avec modération.

La sobriété numérique est souvent associée au concept de « Low-tech », qui lui aussi gagne en popularité et consiste à concevoir des solutions technologiques innovantes, minimalistes, légères, accessibles et évolutives, compatibles avec tout type d’équipement voire sans équipement du tout, en opposition à ce que Frédéric Bordage de GreenIT.fr appelle « Les obésiciels » qui, de par leur poids et leur incompatibilité obligent les utilisateurs à remplacer le matériel. L’éco-conception est une façon de faire de La Low-tech. En rendant les solutions plus efficaces et moins gourmandes, celle-ci contribue donc à réduire l’empreinte environnementale du numérique.

Une autre façon d’œuvrer à la sobriété numérique est d’allonger la durée de vie des équipements et de diminuer leur taux de renouvellement. En effet, c’est la phase de fabrication de ces derniers qui est la plus coûteuse sur le plan environnemental.

Quels sont les bénéfices de la sobriété numérique ?

Entamer une démarche de sobriété numérique est un processus très vertueux. En effet, réduire l’empreinte environnementale du numérique, en plus d’être bénéfique pour la planète, a aussi de réels impacts sociaux et économiques.

Au niveau international, adopter une démarche de sobriété numérique en réduisant sa consommation d’équipements numériques est susceptible d’atténuer les effets environnementaux et sociaux délétères liés à la fabrication et la fin de vie de ces derniers.

Au niveau national, l’écoconception à des fins environnementales favorise aussi l’accessibilité aux services numériques des personnes en situation de handicap et améliore de façon globale l’expérience utilisateur et donc l’image de marque, occasionnant ainsi des résultats économiques positifs tout en permettant de se différencier de ses concurrents et d’être mieux référencé par les moteurs de recherche. Dans le même ordre d’idées, opter pour du matériel reconditionné permet à l’économie sociale et solidaire de se développer, les entreprises de l’ESS étant en effet des acteurs historiques de la seconde main. Les Ateliers du Bocage, filiale d’Emmaüs localisée dans le sud des Deux-Sèvres, est par exemple spécialisée dans la réparation et le réemploi des EEE (équipements électriques et électroniques). Le don d’équipements amortis peut aussi aider à réduire la fracture numérique, aussi appelée illectronisme. Enfin au niveau individuel, la sobriété numérique permet d’alléger la charge mentale et une dépendance aux écrans toujours plus prégnante.

Entamer une démarche de sobriété numérique amène aussi à se poser la question de sa stratégie de contenu et elle va donc de pair avec une démarche de sobriété éditoriale (lire l’interview consacrée à ce sujet dans la section « sobritudes ») qui là encore permet d’alléger la charge mentale de l’internaute.  

Pour vous faire accompagner dans votre démarche de sobriété numérique, rendez-vous sur le formulaire de contact ou envoyer un mail à contact@sobriete-durable.fr